Le Roitelet

[...] Il n'y a presque rien dans ce livre [...] une histoire très simple de jardins qu'on soigne et qu'on arrose [...] de gens quelques fois malheureux mais en paix relative avec leurs regrets, sans peur exagérée de l'avenir et qui s'étonnent ensemble de la brièveté de la vie. Et puis, entremêlé à celle de ces gens ordinaires, l'histoire aussi d'un homme à la tête pleine d'ombres et de secrets, mais au sommet de laquelle filtre un mince rai de lumière, un roitelet, qui plus douloureusement que les autres se trouble des transformations qui s'opèrent en lui".

Un petit livre empli de grâce, de sincérité de douceur, de ressassements , de lenteur féconde, d'épiphanies.

Autant le dire tout de suite, c'est un livre magnifique. Magnifique de tendresse, de bienveillance, d'amour et d'humanité. Magnifique de poésie. Les dialogues sont beaux avec une langue juste, ciselée.
L'homme voue à son frère un amour inconditionnel et profond, jamais dans le jugement malgré les difficultés, toujours dans l'empathie, dans l'écoute même des silences. Les deux frères s'aiment sincèrement et ils se le disent mutuellement et magnifiquement. Leurs preuves d'amour sont souvent belles et émouvantes.
L'homme parle aussi des animaux au même titre qu'un individu. Lire le premier chapitre suffit à s'en convaincre. Les animaux ont leur personnalité, leur état d'âme et les échanges se font via le langage des corps. Les échanges avec un cheval ou avec son chien sont particulièrement croustillants.
La nature est omniprésente. Les animaux, les arbres, les fleurs et surtout le ciel où l'on peut distinguer avec un peu d'attention et d'abandon, une porte vers une autre dimension.
Pendant toute la lecture de ce petit livre, j'ai gardé un petit sourire de contentement et de plaisir. Les chapitres sont courts. Une succession de souvenirs, de pensées de promenades dans un environnement champêtre et calme. C'est exquis, c'est tendre. Il y a plein de phrases magnifiques : "récemment, j'ai aperçu au coin de ses yeux de petites rides durables et je me suis souvenu que, depuis le début, d'autres s'y formaient momentanément quand elle riait, comme si durant toutes ces années le bonheur s'était exercé à laisser sa trace" (ch 60).
Il ne faut pas passer à côté de ce moment de bonheur de lecture.

Le narrateur, un écrivain, raconte l'ordinaire de ses jours : une maison à la campagne, sa femme Livia, une poignée d'amis et de voisins aimables, Pablo le chien et Lennon le chat, quelques fantômes qui l'accompagnent parfois, et la relation infiniment tendre qui l'unit à son frère schizophrène.

Aucune action étincelante dans ce récit (si ce n'est quelques trajets en Prius) mais une réflexion douce et bienveillante sur la vie, le temps, l'amour et les failles présentes en chacun de nous.

Le Roitelet est un texte empli de grâce qui réconcilie avec la lenteur, rappelle l'importance des bonheurs simples du quotidien et la nécessité de se délester de ce qui encombre nos vies, malgré les obstacles, malgré l'adversité. Un vrai remède à la mélancolie !