Mauvais genre

Naomi Alderman

Éditions de L'Olivier

  • Conseillé par
    4 juin 2011

    James Stieff, étudiant brillant, est admis à la célèbre et prestigieuse université d'Oxford. Là, il découvre d'autres méthodes de travail et une autre vie, en compagnie d'une bande d'amis, au milieu de laquelle rayonne Mark. Ce dernier, excentrique, charmeur et richissime, laisse entrevoir à James des perspectives qu'il n'aurait jamais soupçonnées.


    Le titre anglais The Lessons colle davantage à l'histoire que ce Mauvais genre français... Car ce roman, qui se déroule sur deux périodes - pendant et après Oxford - est le récit d'un apprentissage. Apprentissage théorique pour James, à Oxford, parmi ses camarades mais aussi apprentissage de la vie et de l'amour pour les uns et les autres. Ce n'est pas tant la personnalité de Mark - le riche fils instable et imprévisible qu'on a déjà "croisé" ailleurs - que j'ai trouvé intéressante que celle de Jess et de James, qui sont presque antithétiques.

    Jess semble avoir adopté une ligne de conduite, des objectifs et se connaître suffisamment pour s'y tenir. Elle est solide et fiable, plutôt portée vers le bien mais elle est aussi sur les rails que sa famille et la société ont posés pour elle. James, lui, est un individu creux, qui refuse de se poser la moindre question sur lui-même et ne fait que suivre. Suivre la voie tracée par sa sœur et qui le mène à Oxford. Suivre la douceur de Jess qui le prend sous son aile. Suivre l'argent de Mark, avec tout ce que cela implique de dette et de culpabilité. James, dans le fond, n'est rien ni personne et il trouve toujours de bons prétextes pour n'être pas responsable... Jusqu'au jour où la vie l'oblige enfin à se regarder en face...

    Le roman de Naomi Alderman est très bien écrit et se lit quasiment d'une traite. Il dresse le portrait de personnages fouillés, dotés d'une psychologie intéressante mais aussi d'un certain milieu où le savoir, antique et sclérosé, n'est d'aucune utilité pour affronter la réalité. Il cerne aussi très bien les effets de la richesse sur les uns et les autres, entre fascination et dégoût. Et la perversité que révèle l'auteur est celle d'un système qui ne laisse la possibilité d'être soi-même que si l'on se conforme aux règles et aux traditions.