- EAN13
- 9782358722322
- Éditeur
- La fabrique éditions
- Date de publication
- 25/11/2021
- Langue
- français
- Fiches UNIMARC
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Papier - La Fabrique 14,00
C’est peut-être le discours le plus dynamique dans l’imaginaire contemporain
de la gauche, mais ce qui fait son pouvoir d’attraction est aussi ce qu’il a
de plus problématique. Car il nous promet la « vie sans » : sans institutions,
sans État, sans police, sans travail, sans argent – « ingouvernables ».
La fortune de ses énoncés recouvre parfois la profondeur de leurs
soubassements philosophiques. Auxquels on peut donner la consistance d’une «
antipolitique », entendue soit comme politique restreinte à des intermittences
(« devenirs », « repartages du sensible »), soit comme politique réservée à
des virtuoses (« sujets », « singularités quelconques »). Soit enfin comme
politique de « la destitution ».
Destituer, précisément, c’est ne pas réinstituer – mais le pouvons-nous ? Ici,
une vue spinoziste des institutions répond que la puissance du collectif
s’exerce nécessairement et que, par « institution », il faut entendre tout
effet de cette puissance. Donc que le fait institutionnel est le mode d’être
même du collectif. S’il en est ainsi, chercher la formule de « la vie sans
institutions » est une impasse. En matière d’institution, la question
pertinente n’est pas « avec ou sans ? » – il y en aura. C’est celle de la
forme à leur donner. Assurément il y a des institutions que nous pouvons
détruire (le travail). D’autres que nous pouvons faire régresser (l’argent).
D’autres enfin que nous pouvons métamorphoser. Pour, non pas « vivre sans »,
mais vivre différemment.
de la gauche, mais ce qui fait son pouvoir d’attraction est aussi ce qu’il a
de plus problématique. Car il nous promet la « vie sans » : sans institutions,
sans État, sans police, sans travail, sans argent – « ingouvernables ».
La fortune de ses énoncés recouvre parfois la profondeur de leurs
soubassements philosophiques. Auxquels on peut donner la consistance d’une «
antipolitique », entendue soit comme politique restreinte à des intermittences
(« devenirs », « repartages du sensible »), soit comme politique réservée à
des virtuoses (« sujets », « singularités quelconques »). Soit enfin comme
politique de « la destitution ».
Destituer, précisément, c’est ne pas réinstituer – mais le pouvons-nous ? Ici,
une vue spinoziste des institutions répond que la puissance du collectif
s’exerce nécessairement et que, par « institution », il faut entendre tout
effet de cette puissance. Donc que le fait institutionnel est le mode d’être
même du collectif. S’il en est ainsi, chercher la formule de « la vie sans
institutions » est une impasse. En matière d’institution, la question
pertinente n’est pas « avec ou sans ? » – il y en aura. C’est celle de la
forme à leur donner. Assurément il y a des institutions que nous pouvons
détruire (le travail). D’autres que nous pouvons faire régresser (l’argent).
D’autres enfin que nous pouvons métamorphoser. Pour, non pas « vivre sans »,
mais vivre différemment.
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