Étraves

Sylvain Coher

Actes Sud

  • Conseillé par (Libraire)
    29 août 2023

    Recommandé par Charlotte

    Une langue qui s'écrit sous le ton de la lecture, une langue, qui, comme toujours chez Sylvain Coher est le personnage même du roman, une langue qui s'enthousiasme de son écho, de son rythme et de sa vivacité. Mélancolie climatique et frénésie du vocabulaire créent un assemblage juste, merveilleux et entêtant, on sera heureux d'en découdre joyeusement avec cette langue et d'y retourner toujours avec jubilation et envie, de se confronter tant au rythme qu'à une forme d'émotion tragique et drôle à la fois. J'ai ressenti beaucoup de Joie Joyeuse à la lecture de ce roman. C'était joyeux et malgré l'axe dramatique et l'exigence de la langue le bonheur de voir se déployer un univers étrange et à la fois réconfortant.


  • Conseillé par
    18 août 2023

    Embaumer sa daronne

    À bord du Ghost, en pleine mer, alors que les terres émergées ne sont plus que rares, le matelot Petit Roux s’improvise pilleur de pirate, fuyant le bateau avec le corps de sa défunte mère, résolument déterminé à lui offrir un sépulcre digne.
    Le narrateur « papotier en titre » apostrophe le lecteur pour lui conter cette escapade maritime.

    Usant d’un lexique maritime précis, d’un langage familier et suranné, ainsi que d’expressions d’une riche inventivité, l’auteur percute avec sa balade en mer éreintante. Dialogue avec les orques, descriptions viscérales, ébats féconds, fantaisies océaniques forment une flotte de mots décrivant un cauchemar qui pourrait bien être notre destin…

    Violent, puissant, imaginatif, ce récit d’anticipation constitue un tour de force dans l’écriture, suscitant une lecture habile.

    « La seule fleur qui pousse par ici, c’est bien la fleur de poisse … »

    « Serre-la bien, ta chère chiffonnée, tous les matafs t’en veulent et la mémoire niche toujours au creux des bides »

    « Le merlan craint l’air et le matelot craint l’eau »

    « Le fringant « fifty » dévale les toboggans savonnés jusqu’à l’entre-deux lames »

    « Les anatifes sont des crustacés, des pouces-pieds pour faire vite, des sortes de verges malingres qui fructifient sur tout ce qui flotte, depuis les carènes jusqu’aux déchets errants.