Zamir

Bébé, Zamir voit son visage défiguré au cours d'un attentat à la bombe perpétré à al-Aman, un camp de réfugiés à la frontière turco-syrienne. Il grandit en tant que porte-parole d'une organisation humanitaire internationale, son visage détruit comme sésame du porte-monnaie des Occidentaux.
Au fait des rouages du système, il devient très vite obsédé par l'idée de préserver la paix, à tout prix. Partisan d'une doctrine pragmatique dans la résolution des conflits qui ravagent les 5 continents, tout à la fois marionnettiste et pion, victime et bourreau, Zamir est une figure ambiguë.
Kakan Günday décrit les mécanismes qui régissent la vie de Zamir (la politique internationale et les conflits partout à travers le monde), ou plutôt, Zamir écrit sa vie, avec le cynisme et l'aisance qui sied à un être ayant perdu toute illusion sur l'individualisme des acteurs de ce système, leur bassesse, leurs intérêts bien gardés.
Son texte est direct, parfois brutal, son récit non dénué d'humour (noir on s'en doute) et sa plume à l'avenant, franche, incisive.
Hakan Günday, prix Médicis Etranger 2015 pour "Encore" est un auteur à suivre.