Elizabeth P.

L'invention des livres dans l'antiquité

Belles Lettres

Conseillé par
28 décembre 2021

Depuis toute petite, Irene Vallejo baigne dans les livres grâce à sa mère qui lui lisait énormément d'histoires.
Et l'écriture et les livres sont devenus sa passion.
Alors, avec un courage pharaonique, c'est le cas de le dire, elle a entrepris ce livre.
Elle est remontée aux toutes premières origines de l'écriture et de la transmission.
Depuis l'Antiquité jusqu'aux tablettes numériques, il semblerait qu'elle n'ait rien oublié.
C'est un travail pharamineux qui laisse sans voix.
Quel dommage que je sois si ignare en histoire !
Malgré cela, j'ai été passionnée et le fait qu'Irene Vallejo mêle des passages de sa vie personnelle et des faits et des références littéraires ou cinématographiques actuels, permet à une néophyte de mon espèce d'avoir suivi sans difficultés cette fabuleuse épopée de l'écriture, des livres et des bibliothèques.
J'admire énormément cette capacité à mener des recherches très précises et à conclure un livre si abouti.
On traverse à travers toutes les civilisations le long chemin qui nous a mené jusqu'aux lecteurs de babelio et de Navarre.
C'est une superbe aventure dans laquelle nous embarque l'auteure.

Roman

Albin Michel

Conseillé par
25 décembre 2021

Nils, Benjamin et Pierre sont trois frères qui ont passé leur enfance dans une fermette isolée au bord d'un lac. Ils se retrouvent, adultes, pour accomplir la dernière volonté de leur mère, disperser ses cendres au bord du lac. Ils n'y étaient jamais retourné, et les souvenirs affluent. C'est Benjamin, qui semble le plus sensible, qui raconte.
Ils ont subi une éducation déstabilisante. Une mère bipolaire souvent alcoolisée, comme le père d'ailleurs. Ils sont élevés soit dans une tendresse débordante, soit avec une sévérité excessive. Ils bénéficient d'une liberté inconséquente pour des enfants dans cet endroit isolé. D'ailleurs, un drame a eu lieu, sous-entendu tout au long du roman.

C'est un roman complètement addictif. L'histoire est racontée soit dans le passé, soit le jour de la dispersion des cendres, mais en comptant les heures à rebours, de 23h59 à 0h. Si cette particularité impose une petite gymnastique de l'esprit, je ne sais pas si elle apporte au récit, mais peut-être après tout.
C'est une belle histoire de fratrie, émouvante et captivante. L'impact de l'éducation sur le devenir des enfants est parfaitement ressenti. De plus l'écriture est fluide, maîtrisée, très agréable. C'est d'autant plus intense que le suspense est mené jusqu'au bout.

C'est un excellent premier roman sur les secrets et les drames de l'enfance

Conseillé par
1 novembre 2021

Quel plaisir de retrouver Dan et Emma, qu'on avait découvert dans « Maribas ou les balles rebondissantes..
Leur amour est toujours aussi intense, ils sont toujours en véritable symbiose..
Ils viennent d'emménager dans une étrange maison où il se passent d'étranges choses, à côté d'un étrange voisin.
Et puis il y a des adolescents qui ne se font pas de cadeaux, et leurs parents souvent bizarres.
Les personnages sont nombreux.
Et puis il y a des pierres étranges aussi.
Avec leur voisin cruciverbiste et verbicruciste, ils vont essayer d'analyser toutes ces bizarreries.
Et oui, on est dans un univers très étrange.
L'ambiance rappelle celle de Boris Vian ou de Mathias Malzieux.
Mais Jean Yanaudel a sa patte bien à lui.
Et particulièrement la mise en forme de ses romans est très très originale.
En début de roman, la To do list, le générique d'ouverture, les crédits, le flashback, mettent véritablement en appétit.
De même que la présentation des personnages en bas de page dès qu'apparaît un nouveau personnage.
Les rappels à Maribas aussi.
J'ai particulièrement apprécié les nombreux mots rares sont on connaît vaguement la signification, ou pas du tout : scrutigère, aragonite, irréfragrable, ginestuda.....
Plus que l'histoire, c'est l'ambiance qui est remarquable.
Un cocktail d'humour, de poésie, d'érotisme, de fantastique........
C'est carrément surréaliste.
Une histoire d'adolescents et d'amour tendre et épicé pour une histoire improbable et déjantée.
Un esprit et une écriture inattendus à découvrir sans hésitation.
Bravo Mr Yanaudel, on en redemande.

Conseillé par
23 septembre 2021

Les orageuses, c'est une bande de filles.
Des filles qui se sont trouvées, qui se sont reconnues.
En elles le tonnerre gronde.
Elles sont déchirées, blessées, brisées......
Il n'y a qu'entre elles qu'elles peuvent parler de ce qui leur est arrivé, qu'entre elles qu'elles peuvent se comprendre, tenter de se dépasser.
Elles ont toutes été violées.
Elles se vengent en retrouvant les violeurs, en saccageant leurs intérieurs, en faisant naître en eux la peur, cette peur qui ne les quitte plus.
C'est un roman, mais lu plutôt comme une succession de témoignages montrant les dégâts irréparables du viol.
Se soutenant l'une l'autre, elles réussissent à commencer un semblant de reconstruction.
La justice et la loi ne peuvent rien pour elles.
C'est un sujet actuel mais permanent sur la condition de femme.
Heureusement qu'il y a cette solidarité entre femmes (pour certaines du moins, comme c'est le cas dans ce roman) pour permettre à l'orage de s'éloigner, de cesser de les tourmenter.
Un livre percutant, éprouvant, dérangeant et tellement réaliste.