Elizabeth P.

Roman

À vue d'oeil

Conseillé par
6 juin 2022

La mère d'Anne Berest reçoit un jour une carte postale.
Simplement quatre mots : Ephraïm Emma Noémie Jacques.
Pas de signature.
Vingt ans plus tard, elle ressent le besoin de savoir qui a écrit cette carte avec les noms de ses arrière grand-parents et de sa grande-tante et de son grand oncle.
Avec l'aide de sa mère qui a conservé un nombre incalculable de documents, elle retrace la vie de ses ancêtres.
Jusque là, elle n'en connaissait rien.
Je n'avais pas spécialement envie de lire ce livre.
Les auteurs qui s'emparent de leur propre vie familiale pour écrire des romans, en général, je n'aime pas tellement ça.
La bibliothécaire me l'ayant carrément mis dans les mains, je me suis dit, après tout, pourquoi pas, si ça me gonfle, j'arrêterai, d'autant qu'il fait 500 pages.
Et bien je suis allée jusqu'au bout sans aucune lassitude.
Bien sur on a déjà lu des tas et des tas de livres sur les juifs et sur la Shoah.
Ici, dans la première partie, on suit les déboires de la famille Rabinovitch grâce aux archives de la mère d'Anne Berest.
La second partie semble plus imaginée par l'auteur.
Mais le tout forme un très beau roman au style impeccable.
Franchement, je ne regrette absolument pas ma lecture.

Années 1940-1960

Palémon

Conseillé par
6 juin 2022

Jean Failler raconte son enfance à Quimper, entre 1940 et 1960.
Il y vit avec ses parents. Son père deviendra poissonnier.
Il passe ses vacances entre ses deux grand-parents.
A Douarnenez chez le grand-père marin pêcheur ou à Ploneour—Lanvern, chez le grand-père travailleur agricole.
Une enfance riche et heureuse, bien que modeste.
Je suis surprise qu'il ait gardé autant de souvenirs.
Il a de la chance ; c'est une richesse.
Le style est agréable et riche en détails.
Après des débuts comme poissonnier aux côtés de son père, il deviendra le romancier de polars bretons prolixes que l'on connaît.
J'ai choisi ce livre car Jean Failler est l'ami d'un ami et j'ai déjà lu quelques uns de ses sympathiques policiers.
Ce fut une lecture agréable, surtout connaissant bien les lieux cités..

Conseillé par
3 juin 2022

confinement bobo

J'avais assez aimé « Un roman français », autobiographie que j'avais trouvé plutôt touchante.
Et bien là, il nous redit la même chose mais sous une forme différente.
Pendant le confinement, il trouve refuge chez un ami pour écrire ce livre.
Cet ami, c'est Benoït Bartherotte, propriétaire de 44 hectares au Cap-Ferret.
Tiens donc ! On a les amis qu'on peut !
Pendant que des familles étaient entassées dans de petits appartements.
J'ai bien aimé la première partie qui parle des phrases.
D'ailleurs, dans ce livre, toutes les phrases sont séparées par un espace
« Les blancs qui entourent les phrases leur donnent une majesté, comme le cadre autour d'un tableau »
Et c'est vrai.
Les 64 pages de la première partie sont assez innovantes et augurent d'un bon bouquin.
Et puis voilà que tout s'effondre.
On a droit aux lamentations d'un pauvre petit garçon riche.
Ses parents divorcés, les filles qu'il a séduites et celles qu'il n'a pas pu......., celles qu'il n'a pas su garder.
Les soirées jet-set pas toujours satisfaisantes.....
Ses relations toutes célèbres.....
Un véritable déballage personnel sans grand intérêt.
C'est impudique.
C'est vraiment dur d'être riche et célèbre.
Voudrait-il qu'on pleure sur son sort ?
Qu'on compatisse quand la majorité des français n'arrive pas à joindre les deux bouts ?
En dernière partie, les scènes se déroulant au Cap-Ferret m'ont carrément écœurée.
C'est un milieu qui semble plus décadent que privilégié.
Les révélations sur sa vie avec Laura Smet sont indécentes et ne nous regardent pas.
Et en plus, pour justifier les actes des millionnaires du Cap-Ferret, il nous fait de la morale écologique.
Je n'ai donc pas aimé ce livre.
Trop de nombrilisme, de parisianisme, de complaisance sur soi.........
Et malgré tout je n'en veux pas à Frédéric Beigbeder, j'éprouve même une certaine sympathie pour lui.

Conseillé par
18 mai 2022

Un livre qui ne me tentait pas vraiment.
L'occasion a fait que.
Et bien je ne regrette pas du tout, j'ai même carrément bien aimé.
Dans une voiture du train de nuit Paris-Briançon, les occupants arrivent dans leurs compartiments.
Ils sont présentés à tour de rôle.
Au hasard des conversations dans le couloir ou dans leur cabine, ils se dévoilent peu à peu.
J'ai aimé tous ces personnages, trimballant leur vie, leur passé, leurs bonheurs, leurs souffrances, même si on y retrouve les stéréotypes de la société moderne.
Mais des inconnus dans un train, n'est-ce pas justement le mélange de tous ces stéréotypes ?
Si ils ont pu se rencontrer vraiment c'est parce qu'il s'agissait d'un train de nuit, sinon, le plus souvent, les gens s'ignorent.
C'est écrit en courts chapitres qui défilent les uns après les autres sans jamais aucune lourdeur.
Et puis il y a ce drame, pressenti depuis le début.
Le hasard et la fatalité !
L'idée de ce roman est excellente.
Et puis ça m'a redonné la nostalgie de ces trains de nuit que j'ai souvent emprunté il y a longtemps.
D'ailleurs, existent-ils encore ?

Michel Moutot

Seuil

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16 mai 2022

Côte du Pacifique.
Au début du XXème siècle se construit la route One qui va relier San Francisco à Los Angeles.
Elle sera terminée en juin 1937
Des hommes, des machines révolutionnaires partent à l'assaut des falaises abruptes.
Rien n'est facile, tout est risqué, même et surtout la vie des hommes qui sont venus de tout le pays espérant trouver du travail..
Tout est démesuré.
La tâche semble impossible.
Un jeune ingénieur mène les travaux.
Il aura affaire à un richissime propriétaire qui refuse qu'on traverse ses terres, un mormon obstiné et redoutable.
La mafia s'en mêlera aussi.
Quelle belle surprise que ce livre !
J'avoue qu'un livre sur la construction de ponts et de routes ne me branchait guère au départ.
Or c'était sans compter sur le talent de Michel Moutot, auteur dont j'ignorais l'existence.
Son écriture est claire, efficace.
Il réussit à intéresser en romançant l'histoire, et en remontant à 1847 pour situer ses personnages.
Les sauts dans le temps ne facilitent pas la lecture et demandent une certaine concentration, mais le résultat est absolument brillant.
Une page d'histoire passionnante, des paysages époustouflants.
On assiste à la fin d'une manière de vivre et à l'émergence de tous les possibles, avec un réalisme incroyable.
Tout est visuel dans ce roman, les lieux, les personnages, les situations.
Une superbe réussite.